Le village de Saint-Moritz est le berceau d’une discipline rare: le polo sur neige. Au coeur de l’hiver, des joueurs venus des quatre coins du monde s’affrontent sur un terrain aménagé sur le lac gelé qui jouxte la luxueuse station grisonne. La balle fait comme un éclair rouge devant le fond en noir et blanc de la forêt enneigée. Sa courbe s’infléchit, elle descend, rebondit en silence sur le sol, légère dans l’air glacial de l’hiver. Elle n’a pas le temps de s’immobiliser sur la neige tassée qu’elle disparaît soudain, emportée par un tourbillon de sabots, de corps et de crins. Et le jeu continue. Sous les fers des huit chevaux lancés au grand galop derrière la sphère de plastique, quelques dizaines de centimètres de glace et l’eau du lac de Saint-Moritz.
Né dans une petite ville non loin de Moscou, Daniel Kordan a toujours aimé arpenter la nature préservée de sa région, constellée de lacs et de forêts. Durant six ans, il a fréquenté une école d’art qui lui a permis de se familiariser avec toutes les techniques de la peinture, ce qui a élargi sa compréhension des compositions et de l’harmonie dans les palettes de couleurs.
Située entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, la mer d’Aral était autrefois le quatrième plus grand lac du monde. Lorsque, dans les années 1960, le gouvernement soviétique a décidé de développer l’industrie du coton dans la région, il a provoqué son assèchement. La situation s’est améliorée depuis et les pêcheurs commencent à revenir. Les chiffres ne pourraient être plus parlants: depuis 1960, la mer d’Aral a perdu 75% de sa surface et 90% de son volume. Une conséquence directe de la volonté des dirigeants soviétiques de l’époque de détourner les eaux de l’Amou-Daria et du Syr- Daria à des fins d’irrigation dans le but de convertir en zone agricole de vastes étendues de pâturages ou de terres incultes dans ce qui est devenu l’Ouzbékistan, le Kazakhstan, le Turkménistan et d’autres pays d’Asie centrale.
Avec seulement deux habitants par kilomètre carré, la Mongolie a la densité démographique la plus faible au monde. Sur ses plaines sans fin vivent des peuples nomades qui ont conservé un style de vie autarcique adapté aux épreuves imposées par des conditions météorologiques extrêmes. Une fumée blanche montant lentement vers l’immensité époustouflante du ciel bleu profond témoigne de la présence d’un ger, modeste tente ronde des nomades de Mongolie implantée dans les vastes espaces enneigés du nord du pays. Le soleil brille de mille feux mais ne peut rien contre le froid pénétrant des températures glaciales frôlant les -30 degrés. À l’intérieur de la tente par contre, un fourneau en fonte suranné dégage une chaleur brûlante.
Aujourd’hui encore, cette étoffe ancestrale traditionnelle en laine vierge est fabriquée de manière artisanale par des tisserands des Hébrides extérieures d’Écosse, à leur domicile et à l’aide de métiers à tisser mécaniques. Balayées par les vents, les Hébrides extérieures sont un archipel du nord-ouest de l’Écosse formé des îles de Barra, Uist et Lewis & Harris. Loin des traditionnels paysages montagneux des Highlands, l’horizon semble y pointer vers l’infini. La nature est sauvage, verdoyante, tapissée de bruyères en fleurs où les arbres sont absents.
La Namibie est l’un de ses ultimes refuges. Menacé ou disparu partout ailleurs dans le monde, le guépard survit tant bien que mal dans ce pays d’Afrique australe où sa cohabitation avec les communautés rurales reste difficile, mais s’améliore grâce à la présence… de chiens! Autour du point d’eau, oasis vitale dans la savane, éléphants, gnous, oryx, springboks et girafes se pressent, s’observent, se tolèrent. Boire est une nécessité absolue qui accapare toute leur attention… ou presque. Certains restent vigilants car l’un des plus redoutables prédateurs est à l’affût, prêt à bondir sur les plus faibles ou les plus jeunes d’entre eux.
Galvaudé en été, le plus beau parc naturel des États-Unis plonge dans une quiétude sauvage en hiver. Une immensité de wilderness à l’état pur s’étire sous les frimas et se révèle aux visiteurs adeptes de froid, de solitude et d’aventure. Yellowstone, la «roche jaune». Cette roche, sur laquelle coule la rivière éponyme baptisée par les trappeurs du XVIIIe siècle, a donné son nom au premier parc naturel de l’histoire mondiale: le Yellowstone National Park, créé en 1872 par le président Grant, qui s’étend sur près de 9000 km2, dont 96% dans l’État du Wyoming, 3% dans le Montana et 1% dans l’Idaho.
Passionnés de spiritueux, Rinaldo Willy et Pascal Mittner ont construit la plus haute distillerie du monde dans la gare d’arrivée du téléphérique du Piz Corvatsch (GR), à 3303 mètres d’altitude. Depuis 2020, ils y élaborent patiemment des cuvées qui se veulent le reflet du terroir de l’Engadine. C’est un voyage en soi. Pour visiter la distillerie Orma, il faut prendre le mythique train rouge des Chemins de fer rhétiques, descendre à Saint-Moritz (GR), poursuivre en bus jusqu’à Silvaplana puis Surlej et, de là, encore emprunter le téléphérique qui monte au Piz Corvatsch. Une fois arrivé tout en haut, à 3303 mètres d’altitude, le temps semble s’arrêter. Dans un silence à peine troublé par les cris des chocards, on jouit d’une vue imprenable sur les lacs de l’Engadine et les sommets environnants à pratiquement 360 degrés depuis les différentes plateformes panoramiques prises d’assaut par les touristes.
Le photographe américain Joel Sartore a lancé le National Geographic Photo Ark dans sa ville natale de Lincoln, dans l’État du Nebraska, en 2006. Depuis, il a parcouru le monde avec l’ambition de constituer une archive de la biodiversité mondiale qui présentera des portraits de plus de 20’000 espèces d’oiseaux, de poissons, de mammifères, de reptiles, d’amphibiens et d’invertébrés. Une fois achevée, cette arche photographique constituera un enregistrement important de l’existence de chaque animal et un puissant témoignage de l’importance de les sauver
Dans les replis secrets de l’Hindou Kouch, une poignée d’hommes libres vivant près de la frontière afghane perpétuent la célébration du grand cycle de la nature depuis plus de deux mille ans. Lors du solstice d’hiver, les Kalashs réaffirment leur humanité fraternelle dans un tourbillon de rites aussi festifs que spirituels, où la dévotion rivalise avec la générosité. Une vibration singulière envahit l’air en ce dernier soir du Chaumos. Des chants résonnent dans la montagne, se répondent en échos diffus. Sur la terrasse supérieure de Grum, en haut du village enroulé sur un piton, tous les regards brillent. Alors que l’obscurité glaciale noie déjà le sillon de Rumbur, l’une des trois dernières enclaves de peuplement kalash, des feux sont allumés dans le chapelet de hameaux de la vallée.